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mardi 4 février 2014

Moore Street

De Parnell Street je tourne dans Moore Street. Soleil sur 360° pour cette quatorzième heure de la journée dans la capitale irlandaise. Aux mauvaise langues qui remuent toujours la même bûche dans la même cheminée, il convient de leur révéler qu'ici, à Dublin, le temps n'est pas toujours à la pluie !  

Du monde dans Moore street. Beaucoup de passants. Cette rue sans circulation, occupée de chaque côté de sa chaussée par des vendeurs ambulants, est bardée de petits immeubles en briques rouges pas plus hauts que trois étages. Leur état est déplorable : vitres cassées, fenêtres aux cadres décomposés, façades sales et noircies, fils électriques et téléphoniques en pagaille, enseignes vétustes, portes d'entrée coupe-gorges... Là, rien n'incite à la contemplation. 

Pourtant, cette rue populaire, aux rez-de-chaussée et à la voirie envahis de boutiques et de stands dépareillées, ne provoque pas chez le visiteur étranger de sentiments d'insécurité. L'activité commerciale rassure. Sur les étals soutenus par des tréteaux métalliques, s'exposent aux yeux des chalands des produits de premières nécessité, fruits, légumes, poissons, viandes, mais aussi des fleurs, des articles de bazard, des fripes, des lunettes de soleil, des t-shirts et biens d'autres marchandises bon marché.

Le long d'un versant de la rue, sous une galerie avancée, s'ouvrent de nombreux magasins alimentaires aux façades éclairées. Plusieurs boucheries se succèdent. Dans leurs larges vitrines le choix est pléthorique. Déjà mises en barquettes, les pièces de viandes (agneaux, porc, bœuf, veau, filets de volailles) s'alignent sur plusieurs niveaux de présentation, donnant parfois l'impression d'animaux entiers recomposés pour l'occasion en petits cubes de chairs fraîches. 

Du trottoir à la rue, puis de la rue au trottoir, j'avance en me frayant un chemin irrégulier entre les passants et les étals. Une vieille femme à la coiffure  blanchie et emmêlée tire un caddie plutôt maigre. En la croisant je remarque ses yeux rougis par une quelconque maladie oculaire surement mal soignée. Deux garçons aux blousons de sport bleu et en bas de survêtement gris clair me croisent par la droite. L'un d'entre eux a le visage souriant et les cheveux bruns fraîchement coupés. A gauche, derrière son étal, une commerçante, bien pourvue contre le froid, soulève devant le regard attentif d'une de ses clientes deux poissons sanguinolents et déjà évidés. A la recherche d'un emballage sommaire, je la vois rapidement se saisir de plusieurs feuilles de papiers journaux avant d'y rouler dedans les chairs froides et brillantes d'écailles. Des melons jaune ressemblant à des ballons de rugby attendent, parfois choqués et ouverts, sur des bacs rayés en aluminium.  

J'avance encore. Une des nombreuses échoppes de téléphonie mobile propose, derrière une vitrine complète, un kaléidoscope de boitiers de couleurs à prix low cost. Un homme cagoulé et à vélo me dépasse. 

Enfin, au bout de la rue pavée s'annonce Henry Street et ses grands magasins. Le carrefour s'approche. Un taxi file vers le Sud. Un couple de touristes visiblement amoureux s'éloigne. Dans le ciel, une première traîne de nuages apparait, annonciatrice de la tempête à venir.

Julian Stuart

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