
Il y a dans le cocktail dublinois un fond solidaire de traditions celtiques et anglaises mélangé à un shoot mentholé de modernité créative. Il y a aussi du trèfle vert, de l'énergie, de l'eau pétillante, une bonne dose de dérision, de la chaleur, des glaçons, des filles, des garçons, des bières, de l'amertume, de la musique dans les rues et dans les pubs, des nuages de crème avec quelques pépites de chocolat dessus, des tourbillons de vent, du rugby et un zest de folie irlandaise.
Ici, chaque rue commerçante du "city center" grouille de passants, touristes, habitants, financiers, artistes de rue, femmes avec poussettes, amis, mendiants, joueurs de musique, amants, étudiants, ouvriers de la chaussée préparant la future ligne de tramway (LUAS), salles de sport, pubs, stations de train (DART), galeries commerciales, jardins, statuts, taxis et magasins de sports aux chaussures bariolées. Il y a aussi des bus à deux étages, des petits magasin d'alimentation, des barbiers, des restaurants, des statues de bronze, des café-sandwicheries, des pubs encore et toujours, des filles aux cheveux longs, des lumières artificielles et des garçons en jean ou en survêtement. Il y a encore des librairies, des rangées de maisons géorgiennes, des vieux loups de mer, des enfants courants, des vélos parfois suivis de triporteurs kamikazes, des box vertes pour le courrier, des calèches. Et encore des pubs au coin des rues pavées, des bâtiments modernes, des impasse défraichie et des murs aux couleurs vives renvoyant aux passants la fraîcheur de la mer d'Irlande.
Le matin est souvent nuageux. Le soir aussi. La pluie fine est fréquente; elle nous surprend pourtant. Le soleil s'invite sans prévenir, alors le ciel bleu océan joue sa partition large, pure et éphémère.

Dans les pubs à touristes du City Center, la musique irlandaise s'évade de vieux instruments bien tenus en main par des musiciens à l'humour caustique et vif. Elle est relayée, de pièce en pièce et d'étage en étage par les hauts-parleurs encadrant les écrans LCD. Rapidement déposée par les serveurs et serveuses impassibles et parfois flegmatiques, la Guiness brune et mousseuse est vendue dans des verres d'un demi litre avant de tourbillonner dans les nombreux gosiers des consommateurs rieurs et assoiffés.
Dans les autres pubs des banlieues résidentielles, éloignés à plus de trente minutes en bus de Temple Bar, là où seuls les irlandais se retrouvent pour finir la semaine, l'ambiance est studieuse autour des écrans relayant en direct le match de rugby de l'équipe locale contre une équipe Galloise heureusement étrillée.Les tournées de bière brunes, blondes ou rousses s'enchaînent dans une ivresse bon enfant autour des tables hautes et des tables basses. Les cheveux blancs sont majoritaires. Les applaudissements jaillissent à chaque action marquante des maillots bleus de Leinster. Les va-et-viens vers les toilettes sont fréquents et salvateurs. La serveuse brune aux joues adolescentes et aux yeux soulignés de noir plaisante de bon cœur avec quelques papis conquis tandis que ses collègues masculins en tenu noire et blanche, à tour de rôle, déclenchent l'ouverture endiablée du tiroir-caisse.
Un peu avant minuit, quelques trains repartent de Connolly station. De ma fenêtre entre-baillée j'entends clairement un bouquet de rires et de chants colorés monter vers le ciel noir recouvrant la capitale irlandaise. Demain c'est sûr, les Leprechauns, ces petits lutins verts à la barbe rousse, se cacheront encore au pied des arc-en-ciel pour y dissimuler leurs derniers trésors récoltés à l'aube dans les yeux des couches-tard épuisés.
Julian Stuart
Dans les autres pubs des banlieues résidentielles, éloignés à plus de trente minutes en bus de Temple Bar, là où seuls les irlandais se retrouvent pour finir la semaine, l'ambiance est studieuse autour des écrans relayant en direct le match de rugby de l'équipe locale contre une équipe Galloise heureusement étrillée.Les tournées de bière brunes, blondes ou rousses s'enchaînent dans une ivresse bon enfant autour des tables hautes et des tables basses. Les cheveux blancs sont majoritaires. Les applaudissements jaillissent à chaque action marquante des maillots bleus de Leinster. Les va-et-viens vers les toilettes sont fréquents et salvateurs. La serveuse brune aux joues adolescentes et aux yeux soulignés de noir plaisante de bon cœur avec quelques papis conquis tandis que ses collègues masculins en tenu noire et blanche, à tour de rôle, déclenchent l'ouverture endiablée du tiroir-caisse.
Un peu avant minuit, quelques trains repartent de Connolly station. De ma fenêtre entre-baillée j'entends clairement un bouquet de rires et de chants colorés monter vers le ciel noir recouvrant la capitale irlandaise. Demain c'est sûr, les Leprechauns, ces petits lutins verts à la barbe rousse, se cacheront encore au pied des arc-en-ciel pour y dissimuler leurs derniers trésors récoltés à l'aube dans les yeux des couches-tard épuisés.
Julian Stuart
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