La France de 2013 est en déclin. Cela n'est pas nouveau. C'est un long processus qui a débuté à la fin des années 70. Vu d'Irlande, avec le recul nécessaire à la réflexion, l'échec français est patent. Echec économique. Echec politique. Echec institutionnel. Echec européen. Echec social. Echec éducatif et générationnel. Si je devais écrire un essai sur le déclin français, mon plan serait à peu près celui-ci :
Echec économique : Problématique de la dette qui n'a cessée d'augmenter depuis 30 ans pour atteindre bientôt 100% du PIB; elle ne sert plus à financer l'investissement mais le fonctionnement et les dépenses courantes (fonction publique fossilisée, dépenses sociales non maîtrisées, système de santé à l'agonie). Une pression fiscale injuste, étouffante et improductive. Une désindustrialisation anémiante. Un appauvrissement général des acteurs économiques de terrain. Une compétitivité laminée. Une culture économique pénalisante et inadaptée à l’émergence de nouveaux talents. Un chômage structurel et politiquement entretenu.
Echec politique: Un système politique bipolaire et stérile. Une politisation excessive. Une corruption intellectuelle et parfois matérielle des élites. La montée dangereuse des partis extrémistes. Une absence de prospective à moyen et long terme. Une absence d'ouverture politique. La reproduction au niveau national et local d'un système de "cours", injuste et méprisant des réalités. Un appauvrissement du débat public.
Echec institutionnel: Un rejet populaire des institutions. Des lois trop nombreuses et incomprises. Des institutions poussiéreuses, pesantes et trop coûteuses. Une justice engorgée. Des contre-pouvoir exécutifs trop limités. Un découpage territorial dispendieux et inadapté au fonctionnement de la société. Une absence de démocratie parlementaire.
Echec européen: La lente agonie du moteur Franco-Allemand. Une vision française trop nationaliste. Une perte de leadership. Une absence de stratégie géopolitique entraînante au sein de l'UE. La naïveté et le manque de courage face aux grands acteurs économiques et géopolitiques de la mondialisation. Une incapacité à promouvoir les enjeux écologiques.
Echec social : L'incapacité à endiguer la montée de la violence et de l'insécurité. L'instabilité des banlieues et le développement des zones de non-droit. La radicalisation des acteurs sociaux et l'inefficacité de la culture du rapport de force. La complexité excessive du droit social. Une fiscalité sociale excessive et paralysantes. L'échec des 35 heures et des lois de déresponsabilisation. Une politisation excessive et l'absence de dialogue pragmatique sur les principales problématiques sociales. L'opposition culturelle et improductive entre compétitivité économique et progrès social. L'échec des politiques de réduction de la transmission des inégalités. L'impunité des acteurs économiques financiers.
Echec éducatif et générationnel: (C'est le plus inquiétant de tous les échecs car il fonctionne sur des cycles longs de une à deux générations). Déclassement de notre système éducatif. Sclérose et omnipotence de l'éducation nationale. Non culture de la gratification et de la responsabilisation. Dévalorisation de l'enseignement technique et manuel. Sublimation de l’inefficacité et de l'improductivité. Non reconnaissance des différences. Absence de prise en charge éducative alternative en cas d'échec. Frustration générationnelle aux causes multiples.
Je ne parlerai pas ici des problématiques liées à l'immigration qui enflamment en permanence les discours des partis extrémistes français que j’abhorre. Ces derniers sont tous aussi irresponsables les uns que les autres (extrême droite et extrême gauche). Chaque époque recherche ses boucs-émissaires. Il est toujours plus facile de rejeter nos fautes et nos erreurs sur les autres que sur nous même. L'immigré a toujours été, de tout temps, un bon défouloir à la souffrance, à la mauvaise-foi, à la haine et à la bêtise. Il est tout aussi dangereux de "laisser-faire" que de "fermer la porte". Je considère que 90% des problématiques d'un individu sont les mêmes, que l'on soit Français ou immigré. Le dossier de l'intégration doit donc se traiter comme un dossier spécifique du pacte social, mais ne doit en aucun cas conditionner les décisions à prendre sur les autres problématiques sociales qui concernent et impactent l'ensemble de la société française.
Julian Stuart
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